dimanche 26 juillet 2015

Joseph Arago prisonnier au Mexique en 1858

Injustement accusé de trahison et condamné à la hâte

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
Benito Juárez
Joseph Arago, né à Estagel le 2 juin 1796, est le neuvième des onze enfants de Marie et François Arago et l'avant-dernier des six frères, tous devenus célèbres pour des raisons diverses et dont le plus connu est bien sûr François. Son frère aîné Jean (1788-1836), militaire de carrière, se fait un nom au Mexique, où il deviendra général, dans le camp des révolutionnaires. Joseph l'y rejoint en 1827 et intègre l'armée mexicaine au grade de lieutenant, allant jusqu'au grade de colonel. Le Journal des débats politiques et littéraires du 25 août 1858 nous informe que Joseph Arago, renommé localement José, traverse une très mauvaise passe.

Ces jours-ci, le bruit a couru à Mexico que M. Joseph Arago, prisonnier au fort de Saint-Jean-d'Ulloa, à Vera-Cruz, allait être fusillé par ordre du gouvernement puro. Vous savez sans doute que M. Joseph Arago, depuis longtemps au service du Mexique, commandait le fort du Coffre du Perote en qualité de colonel, forteresse qu'il avait conservée au parti révolutionnaire. Mais par une belle nuit, il se vit tout à coup arrêté sous l'accusation ou plutôt sous le soupçon d'avoir voulu rendre le fort au gouvernement suprême, puis emmené prisonnier à Vera-Cruz. Au bruit de sa mort prochaine, des amis se sont empressés de faire des démarches pour éviter cette terrible extrémité. Mais réussiront-ils, ou plutôt arriveront-ils à temps ?

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
Le fort de Perote


On l'aura compris, la situation au Mexique est à ce moment-là assez compliquée. Il y a alors deux présidents du Mexique : Benito Juárez (libéral, partisan des réformes, à Veracruz) et Félix María Zuloaga (conservateur, à Mexico). La guerre civile entre ces deux camps a lieu de 1857 à 1861 et est connue sous le nom de la Guerre de Réforme. Soutenu par les Etats-Unis d'Amérique, le camp libéral sortira vainqueur de cet épisode. Le colonel José Arago, bien connu et respecté du camp de Juárez est à l'époque un homme malade, souffrant comme plusieurs autres de ses frères et  sœurs de diabète et d'un début de cécité. Il ne combat donc plus sur le terrain et le poste de commandement du fort de Perote (près de Veracruz) qu'il a reçu en 1852 lui permet de ne pas rester dans le dénuement. José Arago est dans l'épisode cité accusé d'avoir voulu rendre ce fort au gouvernement de Zuloaga. Peut-être quelqu'un lui en voulait-il, toujours est-il qu'il échappe au peloton d'exécution et reprend son poste. Il meurt peu après, du fait de sa santé fragile, le 19 septembre 1860 à Tacubaya, près de Mexico. Son fils aîné José Tiburcio Arago obtient une pension du gouvernement en remerciement des services de son père et a eu une nombreuse descendance qui fait que le nom d'Arago existe encore aujourd'hui au Mexique.

Note : Je n'ai pas trouvé de portrait de Joseph Arago.

Sources :
Article :  Journal des débats politiques et littéraires du 25 août 1858, via Gallica (cf. lien), domaine public.
Infos Mexique : Wikipédia.
Infos supplémentaires sur les Arago : 
Nouveau Dictionnaire de Biographies Roussillonnaises 1789-2011, vol. 1 Pouvoirs et société, t. 1 (A-L), Perpignan, Publications de l'olivier,‎
Photos:
* Benito Juárez : auteur inconnu, via WikiCommons, domaine public.
* Fort de Perote : José Francisco Valle del Mojica, via WikiCommons, CC-BY 2.0

Pour rappel, un article sur un autre frère Arago, Jacques, à relire ici.




Ce blog vous intéresse ? Vous pouvez vous y abonner
en bas à droite de cette page dans la section Membres.

Cet article vous a intéressé ? Partagez-le !

lundi 6 juillet 2015

Explosion à Paulilles en 1885

Cinq morts et deux blessés graves

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
La première pierre de la dynamiterie de Paulilles, sur la commune de Port-Vendres,  est posée le  4 septembre 1870, « le plus loin possible de la frontière allemande », selon le souhait de Gambetta. Depuis cette date, et ce jusqu'à la cessation de fabrication de dynamite en 1984, l'histoire du site sera ponctuée de nombreuses explosions accidentelles et souvent meurtrières pour les employés, de la première en 1877, jusqu'à la dernière, en 1958. On trouve une liste de ces drames dans l'ouvrage collectif Paulilles ou la mémoire ouvrière paru en 2005. Toutefois cette liste omet l'explosion dont il est fait mention dans L'Avenir de Port-Vendres, Collioure, Banyuls et de la région du 12 avril 1885 sur la catastrophe survenue à la dynamiterie de Paulilles le mercredi 8 avril 1885.

Catastrophe de Paulilles

Mercredi dernier, vers 10 h du matin,  nous avons ressenti à Port-Vendres une vive commotion.
On s'est tout de suite douté qu'un malheur venait d'arriver à l'usine de dynamite de Paulilles. Toute la population s'est vivement empressée d'accourir sur le lieu du sinistre.
L'émotion était grande ! car chacun redoutait d'avoir à déplorer la mort d'un des siens.
Aussitôt l'on a appris que l'explosion s'était produite dans le baraquement où se trouvait l'appareil à filtrer les acides.
On ignore complètement ce qui a pu déterminer ce malheur, attendu que les témoins qui pourraient fournir des renseignements précis ont été foudroyés.
Les uns, supposent que l'ouvrier chargé de surveiller le degré de pression, aura perdu, un instant, son sang-froid ; d'autres, prétendent que les tuyaux étaient engorgés ; enfin, l'on se perd en conjectures.
On compte cinq morts, dont quatre de Banyuls et un de Cosprons, tous pères de famille.
Parmi les blessés, il y en a deux qui le sont grièvement.
Ils étaient, parait-il, chargés de transporter les matériaux, sur un chariot, et au moment de l'explosion, ils se sont malheureusement trouvés à proximité.
Une pauvre femme, âgée d'une cinquantaine d'années et habitant Port-Vendres, qui ramassait du bois dans ces parages, a été renversée par le choc de l'explosion, et dans sa chute, elles s'est fracturé un bras.
Jeudi, à quatre heures du soir, a eu lieu l'enterrement des quatre victimes de Banyuls.
Beaucoup de gens de Perpignan, d'Elne, d'Argelès, de Collioure, de Port-Vendres, de Cerbère, etc., etc., ont eu à cœur d'assister aux funérailles de ces infortunés travailleurs.
Une foule compacte et recueillie suivait le cortège. C'était un spectacle à vous fendre l'âme ; on voyait de tous côtés des hommes, femmes, enfants, pleurer à chaudes larmes, à la vue de ces quatre cercueils, ne laissant après eux que le deuil et le triste souvenir d'une cruelle catastrophe quia fatalement enlevé l'existence à des êtres si chers à leur famille.
Nous adressons ici à ces veuves et orphelins inconsolables, nos meilleurs sentiments de condoléances.

La liste présente dans l'ouvrage cite notamment une explosion ayant eu lieu le 27 janvier 1882 avec un bilan de 20 morts et une autre en février 1886 ayant fait un mort et un blessé grave. Celle-ci s'intercale donc entre les deux, avec un bilan de cinq morts et deux blessés graves.

Ajout du 10/07/2015 : Le site Les amis de Paulilles cite l'explosion du 8 avril 1885, tout ayant trouvé peu de matière à ce sujet, mais donne par contre la liste des cinq victimes, après recherches aux ADPO.

Sources :  
Article : L'Avenir de Port-Vendres, Collioure, Banyuls et de la région du 12 avril 1885 (via Bib. numérique de Perpignan, domaine public)
Autres infos : L'AMIC (Association Médiatrice d'Intérêt Collectif), Paulilles, la mémoire ouvrière, Saint-Estève, Les Presses littéraires,‎ 2005
Illustration : Carte postale, éditions MTIL, vers 1920.

Pour rappel, cet article à relire sur Port-Vendres ici.



Ce blog vous intéresse ? Vous pouvez vous y abonner
en bas à droite de cette page dans la section Membres.

Cet article vous a intéressé ? Partagez-le !