dimanche 11 octobre 2015

Vent et ordures à Perpignan en 1909

En ce mois de décembre 1909, le temps est particulièrement venteux, ainsi que nous en informe le journal de Perpignan La Bataille sociale, dans son numéro du 4 décembre 1909. C'est l'occasion pour cet organe de presse de soulever un important problème de voirie.

Bon sang de bon Dieu, fait-il un vent !
Les melons de ces messieurs roulent dans les ruisseaux des rues. Le vieux marcheur est heureux : il voit de temps en temps se retourner un jupon. L'honnête passant ne rit pas, lui. Oh ! ces tombereaux ! Perchés sur roues jusqu'à la hauteur d'un premier, trois fois plus larges que le lit de M. J. Escarguel, ils bouchent successivement toutes les rues de la ville. Vous êtes pressés, vous essayez de filer entre le tombereau et les devantures. Vlan ! vous recevez en pleine figure ou dans le dos le contenu d'une boîte à ordures. Seriez-vous à vingt mètres, les poussières, les papiers, et jusqu'aux trognons de choux de ces boîtes vous atteignent, quand il fait du vent. Serait-il impossible d'établir au coin des rues de grandes caisses municipales où les ménagères déverseraient en commun leurs petites boîtes et que des camions moins gigantesques emporteraient discrètement ? Soumis aux réflexions de MM. les préposés à la voirie.

Charrettes à ordures

On l'a compris : le journal ne réclame ni plus ni moins que l'installation de bennes à ordures fermées (à cause du vent) à usage collectif et vidées par des camions-poubelles. L'usage de la poubelle, initié par le préfet de la Seine du même nom, s'était déjà répandu en France depuis son apparition en 1884, mais il n'y avait de contraintes ni sur la taille ni sur le modèle de poubelle à utiliser. Un seau quelconque pouvait donc faire l'affaire, laissant ainsi toutes les ordures à la merci du vent, souvent conséquent comme on le sait dans la région de Perpignan.

Une version moderne de la charrette à ordures

Notes :

Un tombereau désigne à l'époque tout type de véhicule hippomobile, de genre charrette ouverte par exemple, et servant à transporter des matériaux en vrac. C'est un peu l'ancêtre du camion-benne.

Jules Escarguel (1861-1930) est cité pour la largeur de son lit. Directeur du journal L'Indépendant depuis 1898, on sait justement de lui qu'en 1909 il pesait tout de même 148 kilos tout en présentant une stature de colosse.

Sources :
* La Bataille socialiste du 4 décembre 1909, consulté via les collections numérisées de la Bibliothèque de Perpignan [domaine public].
* Détails concernant Jules Escarguel :
Gérard Bonet, « Escarguel (Jules, Clément) », dans Nouveau Dictionnaire de Biographies Roussillonnaises 1789-2011, vol. 1 Pouvoirs et société, t. 1 (A-L), Perpignan, Publications de l'olivier,‎

* Publicité : Autopromotion paru dans
* Charrette à ordures : Conrad Poirier, Garbage Horse in Montréal (Canada), 1945 [domaine public]
* Version moderne de la charrette à ordures : Jacques Le Letty, Ramassage des déchets par les chevaux à Questembert (Morbihan) en 2013 [CC-BY-SA]

Pour rappel, les autres articles concernant Perpignan sont à relire ici.

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