jeudi 24 décembre 2015

Mauvaise éducation à Cerbère en 1885

De la maison close à l'école de Cerbère, il n'y a qu'un pas


On peut lire dans L'Avenir de Port-Vendres, Collioure, Banyuls du 24 mai 1885 la plainte d'un père de famille concernant une maison close qui ne dit pas son nom et qui serait située tout près de l'école de Cerbère et ce, à cause d'un arrêté municipal récent un peu trop vague sur les distances à respecter entre ces deux types d'établissements.


Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
La plage et les écoles à Cerbère au début du 20ème siècle

Monsieur le rédacteur de l'Avenir de Port-Vendres.

En mon nom personnel et au nom de plusieurs pères de famille, je viens vous prier de vouloir bien insérer dans votre vaillante feuille la réclamation suivante :
Aux termes d'un arrêté du maire de Banyuls-sur-Mer en date du 24 mai 1884, l'autorité administrative a autorisé en notre bourg, la création de buvettes servies par des femmes, et qui ne sont, au fond, que des maisons publiques, au même titre que les maisons fermées et soumises au rigoureux contrôle de la police.
L'article 2 de cet arrêté porte que tout établissement de ce genre ne devra être situé à proximité de l'église ni des écoles publiques.
Au pasteur à défendre son établissement ! A nous, citoyens, travailleurs et contribuables, à défendre nos droits et la conscience de nos enfants.
Selon les commentateurs les mieux autorisés, la proximité s'étend à une distance de 300 mètres.
Or, il existe, ici, à Cerbère, une maison d'amour qui, non seulement est en-dehors de la rigoureuse limite de proximité avec l'école, mais n'en est séparée que par un simple mur mitoyen !
Du seuil de la porte, des fenêtres, des créatures assaillent les passants de leurs agressions grossières, et cela publiquement, en plein soleil, sans respect pour l'âge de jeunes enfants que nous conduisons à une école différente à tous égards de la buvette en question.
Nous aimons à croire que M. l'adjoint délégué, faisant fonction d'officier de police administrative à Cerbère, voudra bien faire exécuter dans toute sa rigueur l'arrêté précité de M. le maire de Banyuls, et protéger autant la morale publique que le droit des citoyens, qui ne sauraient permettre à aucun exploiteur de chair humaine de venir cyniquement outrager l'innocence et la pureté de pauvres enfants, espoir et avenir de la patrie française.

Un père de famille.


Note : Cerbère ne devient une commune indépendante qu'en 1888. Ce père de famille s'adresse donc dans ce courrier au maire de Banyuls-sur-Mer, à l'époque M. Fortuné Forgas, élu à cette fonction de 1884 à 1886.

Concernant les buvettes tenues par des femmes à Cerbère, suite des péripéties au prochain épisode (le curé s'en mêle) !


Source : L'Avenir de Port-Vendres, Collioure, Banyuls du 24 mai 1885 [via le fonds numérisé de la Bibliothèque de Perpignan]
Carte postale: Editions Berdagué-Mary-Bernard (début 20ème siècle, domaine public)


Pour rappel, un autre article sur Cerbère, à relire ici.



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mercredi 9 décembre 2015

Circulation périlleuse autour de la gare de Perpignan en 1882

Gare aux bœufs nocturnes !


Avec l'arrivée du chemin de fer à Perpignan à partir de 1858, une gare provisoire est construite dans le quartier du Vernet puis, peu de temps après à son emplacement actuel, près du quartier Saint-Assiscle. Mais l'emplacement choisi à l'époque est alors en dehors des remparts, en pleine campagne. Et même si l'espace vide ainsi créé entre la gare et la ville s'urbanise rapidement, plus d'une dizaine d'années plus tard on y subit encore les nuisances de la campagne. L'article qui suit, tiré du journal L'Espérance du 3 janvier 1882, nous signale un problème de taille : les bœufs présents en nombre sont de véritables dangers de la route, tout comme les charrettes, et ce d'autant plus qu'on ne les voit pas lorsqu'il fait nuit.

La gare de Perpignan au début du 20ème siècle

Avis à l'administration

Le quartier de la gare qui prend chaque jour un développement plus considérable devrait être l'objet d'une active surveillance pour y faire observer un peu mieux les lois de la police du roulage, et de la circulation sur les voies publiques. On prèviendrait [sic] ainsi des accidents et des malheurs qui peuvent être l'objet de leur inexécution.
On observe que les charrettes et voitures circulant à l'entrée de la nuit sur la route de la gare et route de Prades, n'ont jamais leurs lanternes éclairées, ce qui rend un accident toujours possible. Ce quartier n'étant point le centre des lumières, il ne fait clair le soir que lorsque la lune brille ; aussi si on a besoin d'aller à la boîte aux lettres de la gare, souvent on ne voit pas où l'on marche et l'on n'aperçoit le véhicule que l'on entend, que lorsqu'on est menacé d'être écrasé. - Même observation pour les conducteurs de troupeaux de bœufs, conduits en liberté, à l'entrée de la nuit, de la gare, au marché aux bestiaux ; deux, trois hommes sont seuls à conduire un troupeau considérable ; aucun d'eux ne porte de lanterne, rien ne trahit leur présence ; il faut se trouver presque envahi, pour comprendre qu'il faut se garer ; et dans l'obscurité, comment faire !
Voyez-vous une mère avec ses enfants perdue dans un pareil milieu ? Il doit y avoir nécessairement moyen d'essayer une modification dans les habitudes de sans-gêne, prises par les marchands de bestiaux.


Les quais de la gare de Perpignan au début du 20ème siècle


Source : L'Espérance du 3 janvier 1882 [via le fonds numérisé de la Bibliothèque de Perpignan, domaine public]

Photos :
* Façade de la gare : Carte postale des éditions PBL (Béziers) [domaine public]
* Quai de la gare : Carte postale des éditions Labouche (Toulouse) [domaine public]


Pour rappel, les autres articles concernant Perpignan sont à relire ici.

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