vendredi 31 octobre 2014

Démission du maire de Collioure en 1885

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
Vue du port de Collioure en juin 1883
Être maire au 19ème siècle ne rapporte rien hormis une surcharge de travail, et c'est donc à juste titre que le journal républicain L'Avenir de Port-Vendres, Collioure, Banyuls et de la région se plaint de cet état de fait dans son édition du 5 février 1885, en réclamant un salaire pour le maire afin de permettre à d'autres que des riches de pouvoir assumer cette charge et également d'éviter la situation décrite dans l'article au sujet de Collioure. Le sujet permet également au journal de lancer une diatribe contre les libéraux.

Le nouveau maire de Collioure

Nous avons chanté sur tous les tons que les fonctions de maire seraient moins coûteuses si messieurs les maires étaient salariés. Attendu que ces fonctions étant purement honorifiques, il n'y a qu'une petite catégorie qui puisse consacrer le temps nécessaire pour bien administrer les affaires communales. - Le riche seul peut affronter cette responsabilité, et bien entendu que les riches, en administrant les intérêts des autres, n'oublient pas les leurs.
A ce sujet, nous voyons, à Collioure, M. Coste, donnant sa démission pour gagner 3,000 francs comme docteur de la Compagnie du Midi (réseau compris entre Palau et Cerbère). M. Camille Bernadi a été appelé à prendre sa place.
On nous dit que M. Camille Bernadi est un peintre distingué, un grand amateur de musique, voire même un écrivain, mais il est riche propriétaire ! Et, les loups ne se mangent pas entre eux, quand il n'y a pas nécessité.
On nous dit aussi que M. Camille Bernadi est très libéral, nous en sommes sûrs ! mais ce ne sont pas les libéraux qui ont fait la République, et nous n'avons pas à compter sur eux pour la faire prospérer.
On nous dit encore que M. Bernadi fait beaucoup de bien, qu'il respecte le gouvernement républicain. Mais, un républicain, à sa place, au lieu de rester l'arme au bras respectueusement, travaillerait pour le principe républicain progressif ; et les libéraux comme lui, artistes, écrivains et très riches utiliseraient mieux leur temps à s'occuper de sciences, sans avoir, comme paralysateur intellectuel, les travaux d'un conseil municipal.
Allons ! messieurs les respectueux de la République, donnez vos sièges à des républicains. - Les Rois ne prennent que des royalistes ; les empereurs ne prennent que des impérialistes ; il faut que nous soyons bien imprudents pour ne pas prendre des républicains.

Cet article vaut au journal de recevoir dès les jours suivants une longue réponse du 1er adjoint au maire, Camille Bernadi. Ce dernier s'y défend d'avoir brigué la mairie (il n'est pas encore nommé), ayant presque été élu contre son gré et dans la seule fin d'accomplir son devoir de citoyen, et affirme ne rien posséder, hormis une brillante éducation. Enfin, il se dit républicain en dehors de tout parti et déclare être contre l'idée d'un salaire pour les maires.

Par la suite, le journal n'aborde plus cette affaire car au final Jean Coste, élu depuis 1878, revient sur sa démission et reste maire jusqu'en 1903.

Note sur la photo : Issue d'un négatif sur papier, l'image est bien à l'envers...

Sources : 
L'Avenir de Port-Vendres, Collioure, Banyuls et de la région, n° 47 bis du 5 février 1885, n°48 du 15 février 1885 [via le fonds numérisé de la bibliothèque de Perpignan].
Mandat Jean Coste : MairesGenWeb
Photo : Eugène Trutat (1840-1910) [domaine public] via Rosalis (Bib. num. de Toulouse)



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2 commentaires:

  1. Bonjour,
    Une vue surprenante, je n'arrive pas à me la configurer...
    N'y aurait-il pas une inversion de la vue ?

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  2. C'est justement ce que je précise à la fin de l'article. ;)

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